59: AU HASARD DU DESTIN.  ANONYME 6.
Rue St-André, Montréal. 
(60po. x 7po.) août 1998.
 
    Le dernier anonyme est consacré à une autre itinérante que je voyais souvant dans mon quartier. Son allure était fascinante, entre autres, à cause de ses lunettes de plongée sous-marine qu'elle portait jour et nuit; de son chapeau qui était en fait une jambe de pantalon coupée et de tous ses sacs 'inutiles' dans son carrosse. Je me suis rappelé qu'il y avait dans le quartier un vieux mur bicolore délabré avec les vestiges d'une annonce peinte. Un graffiti en particulier d'une tête de démon avec l'inscription 'Il pleut à mourir' est devenu l'élément idéal pour personnaliser la scène. Le ciel, important jusque-là, fut réduit à presque rien à cause des simples fenêtres condamnées par du contre-plaqué. J'ai eu alors l'idée de représenter la pluie mentionnée dans le graffiti par des pigeons qui ont élu domicile sur le rebord de la fenêtre et dont les excréments tombent le long du mur et sur le trottoir ce qui m'a demandé, bien sûr, d'étudier attentivement ces déjections d'oiseaux. Un parapluie brisé sur le sol montre que cette vieille dame n'a plus que ses lunettes pour se protéger des intempéries. Une boite de médicament à côté rappelle sa dépendance. Le démon sur le mur à un mauvais oeil sur elle mais 'Il pleut à mourir' tronqué par le cadre devient “Il pleut a mour'. Une autre anonyme de la rue que j'ai croisée.