17: LE CIMETIÈRE DES ANGES.
St-Jean-Port-Joli. 
(42po. x 60po.) septembre, octobre, novembre 1990.
 
     C'était devenu habituel, l'été, de partir sur le pouce avec un équipement de camping et des appareils photos sur le dos pour des randonnées d'environ une semaine. Je parcourais une région particulière du Québec par année, à la recherche de l'inédit et en même temps de ce qui est très représentatif de notre mode de vie. 
 
     Ce tableau fut le résultat d'un flash très bref à l'été 87. J'étais dans l'auto d'une dame charitable quand, à l'entrée de St-Jean-Port-Joli, je fus frappé par cette scène. Ma réaction trop lente ne me fit pas arrêter la conductrice mais je la questionnai longuement sur ce bric-à-brac. Et c'est l'histoire de ce brocanteur qui était la honte de la municipalité; ses batailles multiples pour demeurer ainsi qui commença à m'interpeller et même m'obséder. Ce n'est que l'été suivant, après un an de réflexions, que je suis retourné sur les lieux pour prendre près d'une centaine de photos. Je devais avoir le plus de détails possibles et précis des moindres artefacts. L'accumulation excessive d'objets en un mélange hétéroclite m'a permis d'accentuer des agencements pleins d'humour caché et d'en créer même pour mon seul plaisir de rire tout en peignant. Comme exemple, avoir jumelé un nu sur velours à une crèche de Noël, une peinture abstraite à une planche à repasser. Cette concentration vertigineuse de détails va revenir régulièrement dans d'autres toiles futures. Le ciel d'une grande pureté ainsi que les couleurs harmonieuses des arbres ont été choisis exprès pour faire contraste avec ce fouillis bigarré. Je n'ai pas oublié le propriétaire loufoque, assis sur la véranda de la maison, en bedaine et avec son sombrero.